Chère Waltraud,
Après m'enchanter plusieurs fois avec la musique de « Tristan und Isolde » (Tristan et Isolde), je me trouve aussi enchanté avec les « silences » lesquels de telle façon " parlent » dans cette oeuvre.
J’aime bien comparer le silence avec le chaos, donc les deux sont les bases de la création. « Le Chaos est la terre qui a nourri le Cosmos », il dit les grandes occultistes. L'union du Cosmos avec le Chaos produit la à chaque fois quelque chose à nouveau, qu'il n'était pas ni prè-figurée, ni dans état latent, c'est à quelque niveau ce que nous appelons de génialité.
Le Silence est le Chaos du son, du Cosmos ; la musique est le « génie », fruit de cette union. Le Silence, tant que base pour le son, est le point de départ pour la musique, en déterminant le début des cycles.
Du point du vue ésotérique nous appelons de « grand silence » l'expérience de l'esprit qui, en laissant le corps physique, en laissant aussi toute « matière » rapportée aux désirs et aux sensations, se trouve dans un état de parfaite conscience, de grand calme, où toute image ou sensation semblent s'effacer, même la faculté de penser, néanmoins, dans cet état l'esprit sait simplement qu'il Est, où, en étant soutenue par l'Éternel, son âme est remplie par une paix merveilleuse qui dépasse toute intelligence.
Le drame de « Tristan und Isolde » (Tristan et Isolde) est un drame de silence, mais aussi des secrets, cela que donne de la beauté à cette oeuvre.
Les mots « silence » et « se faire taire » sont toujours présents, soit le silence de Tristan concernant l'Isolde dans la 1°Ato, en ne voulant pas parler avec elle, soit l'amour que Isolde a caché même de Brangaene, où tout est clair pour Isolde, mais seulement pour elle, quand elle dit :
O blinde Augen,
O prunelles aveugles,
blöde Herzen!
coeur veules!
Zahmer Mut,
humeur servile,
verzagtes Schweigen!
silence vile.
Wie anders prahlte
Pourtant, comme Tristan
Tristan aus,
a proclame
was ich verschlossen hielt!
ce que je tenais celé!
Die schweigend ihm
Celle qui, se taisant
das Leben gab,
lui donna la vie,
vor Feindes Rache
a la vengeance de l’ennemi,
ihn schweigend barg;
se taisant, le dissimula,
was stumm ihr Schutz
Ce que son secours silencieux,
zum Heil ihm schuf ---
fit pour son salut,
mit ihr gab er es preis!
Il les a livrés tout les deux !
Soit aussi au moment de prendre le filtre, que Tristan entend la « Reine du Silence », ou le majestueux duo d'amour du second acte qui finit dans le silence de la plénitude, suivi du silence du Roi Marke qui découvre les amants et quand Tristan dit que ceci le roi ne pourrait pas comprendre, jusqu'à son point culminant, la « Liebestod », la mort d'amour, où Isolde dit :
Höre ich nur
Suis-je la seule à entendre
diese Weise,
cette mélodie
die so wunder-
subtile
voll und leise,
e merveilleuse
Wonne klagend,
Exquise et langoureuse
Alles sagend,
Si éloquente,
mild versöhnend
doucement réconciliante,
aus ihm tönend
qui, jaillissant de lui,
in mich dringet,
se infiltre dans mon être,
auf sich schwinget,
prend son essor,
hold erhallend
avec douceur résonne
um mich klinget?
Et vibre autour de moi?
Et ainsi elle décrit cette expérience de vivre le « grand silence », où le décès donne la place à l'amour, où l'esprit Est et Isolde plonge dans le chaos, dans le silence, dans l'haleine de l'Univers.